Parents efficaces au quotidien
Bon M6 replay refusant de fonctionner correctement, je vais donc consacrer le temps que j'avais prévu pour mater l'épisode de Californication que j'ai raté la semaine dernière... pour écrire enfin le petit article promis sur le troisième bouquin consacré à l'éducation consciente. Il s'agit donc du "Parents efficaces au quotidien" du Dr Thomas Gordon (apparemment il y a le "parents efficaces" tout court aussi, mais en ayant lu "parler pour que les enfants écoutent..." on a déjà des bonnes bases je pense).
De prime abord ce bouquin est un peu plus théorique et donc... rébarbatif. Les premières pages commencent par des schémas, ça semble bien technique tout ça s'est dit mon esprit anti-logique et mathématophobe ! Et pourtant... Une fois qu'on se laisse entraîner au fil des pages, c'est une nouvelle lecture passionnante qui complète à merveille le Faber-Mazlish. Thomas Gordon revient ainsi sur quelques notions clefs qui sont essentielles et apportent un éclairage nouveau au "parler..."
La base... qui a le problème ?
Pour résumer très très grossièrement ce petit bijou de la littérature parentale, je dirais que la question de base à se poser est ainsi : qui a le problème ?
S'il s'agit de l'enfant (il est fâché, chagriné, triste...) il ne faut pas endosser le problème à sa place et chercher à le résoudre. Notre rôle de parent (mari, femme, frère, collègue... après tout cela s'applique à toutes les communications inter-personnelles) est d'être présent et d'accueillir le mal-être grâce à l'écoute active (dont j'ai parlé dans le résumé précédent). C'est non seulement essentiel pour l'enfant, pour lui permettre de trouver "sa" solution, prendre confiance en sa capacité de surmonter les difficultés, mais c'est aussi essentiel pour notre survie de parents ! Bah oui, une fois qu'on a compris qu'on était là pour "accompagner" et non pas "pour vivre à la place de..." c'est une sacrée charge de douleur en moins. Et quand on est "plus léger" on est aussi plus disponible pour soutenir les autres : qui veut aller loin ménage sa monture ;o) Vi vi on est un peu des baudets, faut l'assumer :p
S'il s'agit du parent... Et oui car parfois, selon notre niveau de fatigue, de stress, notre éducation... nos limites sont plus ou moins flexibles et c'est nous, parents, qui avons un problème avec le comportement de notre enfant. Dans certaines familles il sera inacceptable de se lever de table avant la fin de repas, dans d'autres il sera acceptable d'avoir une chambre en désordre ! Dans une même famille, un jour le bruit d'un enfant tapant sur un tambour sera supportable, un autre jour, la fatigue aidant, ce même son sera intolérable. Il faut donc, avant tout, avoir conscience que dans tous ces cas (et tous ceux du quotidien) ce n'est pas l'enfant qui a un problème (lui s'en fiche de ne pas se laver les dents avant d'aller se coucher) mais nous, parents qui avons un problème avec ce comportement (pas question, pour des raisons d'hygiène, de le laisser passer à table sans se laver les mains !).
Quelles solutions sont proposées ?
- la première des solutions, que j'aime beaucoup, est de faire savoir à l'enfant que son comportement nous dérange et pourquoi. Mais de le faire en utilisant des messages "je" et non des messages "tu".
Ainsi un message "tu", serait purement accusateur et pourrait donner un : "arrêtes de sauter de cet escalier, tu es vraiment pas possible ! tu n'écoutes jamais rien !"
Un message "je" serait plutôt : "quand tu sautes comme ça du haut de l'escalier je suis très inquiète car j'ai peur que tu te casses une jambe".
Ainsi, un bon message "je" commence par présenter le problème, puis explique le sentiment ressenti par le parent, et termine par la conséquence de l'acte.
"Quand tu joues au ballon dans le salon, je suis angoissée car j'ai peur que tu casses la télé"
Dans les faits ? j'ai testé ce "message je" sur ma nièce (bon ma grande soeur le sait je peux le dire hi hi) de 6 ans un soir où, alors qu'il y avait pas mal de bruit chez mes parents, Alyzée s'amusait avec un jouet de lulu qui consiste à taper sur trois boules pour les faire tomber dans un trou. Jouet relativement bruyant (oui oui c'est nous qui le lui avons offert, que voulez-vous ? erreur de jeunesse parentale !) Après lui avoir demandé, sans succès, au moins 10 fois d'arrêter, je me suis rappelée de ce que je venais de lire (j'étais en plein dans le Gordon) et je lui ai dit "Alyzée, ma puce, quand tu tapes comme çà sur les boules ça fait beaucoup de bruit et ça me fatigue car j'ai mal à la tête ce soir". Et bien promis juré, elle m'a regardé et m'a dit : "regarde si je tape sur les boules mais que je mets la main dessous pour les rattraper ça fait pas de bruit !" Génial ! Elle a trouvé toute seule une solution qui soit convenable pour elle et pour moi. J'étais sidérée !
- la seconde, quand effectivement le problème est plus profond et ne peut se résoudre ainsi, est l'utilisation de la "résolution des conflits" que l'on a déjà vu dans le "parler..." Le principe est identique mais j'aime l'insistance que met Thomas Gordon a expliquer combien il est essentiel que ce soit une résolution sans perdant.
Ainsi, il faut que la solution trouvée suite à l'étude du problème, les propositions faites par chacun, et le choix de la meilleure alternative pour tous, soit réellement équitable pour tous les participants. Il serait en effet contre-productif que le parent quitte la séance en se disant "je me suis fait avoir" ou "j'ai gagné en le faisant aller là où je voulais" et idem pour l'enfant. Ce n'est en effet qu'au prix d'une résolution sincère et juste pour tous que la démarche peut fonctionner.
Gordon souligne aussi l'importance de choisir une solution réaliste et réalisable. C'est en effet notre rôle de parents et d'adultes de ne pas valider une solution au dessus des possibilités de l'enfant. Ce serait d'avance une solution vouée à l'échec.